OASIS Festival : Dernière danse ou coup d’État électronique ?

Le pionnier, revient sur ses terres natales pour une last dance. Un classique, une dernière fois avant que le festival change de format. Voilà un moment que l’on attendait le retour de Oasis à Marrakech et c’est chose faite. La rencontre est prévue à The Source, les souvenirs des anciennes éditions refont surface, RDV est pris pour une dernière version XXL. 

Le précurseur, le défricheur, tout cela, on le savait, on a commencé à prendre l’habitude des têtes d’affiche présentes sur le line up, des choix bien pensés, sauf que cette année, pour cette last dance, le line up est un cran au-dessus. Le mot d’ordre : Disruptif.

On sort de nos zones de confort, enfin. La scène sera UKG, house, techno, avec une meute d'artistes de haut vol, sans citer le big boss, la légende incontestée de la techno Laurent Garnier, un coup de maître.

On est le 6 septembre, lancement des hostilités. Décryptage du line up. 

© Photography by Khris Cowley for Here & Now

On se met dans l’ambiance, il fait chaud à Marrakech, on pénètre dans l’enceinte de The Source, spot que vous connaissez bien, spécialement conçu pour accueillir les events de ce gabarit, une arène iconique, et d’autres scènes surprises, le tout avec pool party au programme et spots gazonnés pour nous caler entre deux sets dantesques prévus pour cette édition. 

Vous êtes posés, vous déambulez entre les allées bucoliques de The Source un cocktail à la main, vous avez pris vos marques, enfin c’est-ce que vous pensez, car le vendredi sera fat, avec des artistes de gros calibres qui vont nous faire sortir de nos zones de confort habituelles, oubliez les nappes aériennes, on rentre dans la bass, le garage, avec un de nos artistes favoris à La Confiserie : Interplanetary Criminal.

Le DJ et producteur de Manchester, qui tourne dans le monde, va de toute évidence retourner le dancefloor, première fois au Maroc qu’un artiste incarnant le garage à 100% se produira. À la Confiserie, c’est clair, nous sommes bénis d’avoir accès à ce monstre selector à domicile. Certainement la première grosse claque de cette édition. 

Sans parler de Jungle en DJ SET, vous les connaissez déjà sûrement, le duo de producteurs londoniens, habitué à produire des bangers taillés pour le dancefloor. Ils sont notamment à l’origine du track “ I’ve been in love avec Channel Tres” (Rien que ça). Hydratez-vous bien, car ce sera funk, happy, house, disco, vous aurez le smile tout le long du set, ce sera good vibes only. 

Toujours vendredi, gardez en tête que c’est un marathon et non une course, car le programme est encore chargé. Nooriyah entre en scène, la DJ et productrice originaire d’Arabie Saoudite, ne vous laissera pas indemne. Habituée des gros festivals type Glastonbury, elle représente la diaspora avec son collectif SWANA. Faites-vous une idée du personnage, allez checker son Instagram, vous y apprendrez par exemple que Jay-Z a samplé Abdel Halim Hafez.

YU SU, originaire de Chine, nous proposera des textures plus délicates tout en restant dub. Ça sera house, rock psyché, raffiné. Enfin, Anïa notre étendard local est aussi de la partie aux côtés de ces pointures. 

Fin de cette première journée avec la signature des festivals où l’on se sent bien, tant par la sélection musicale, que par le confort total des spots où l’on se pose, que de la qualité de la sono ou du fooding. Vous vous couchez avec la hâte de vous lever, car vous le savez, le lendemain sera un moment à la croisée du réel.

Photo by SOLOVOV.be / @YOLOVOV

Samedi, deuxième journée qui commence et là, on sait qu’on est chanceux d’avoir sécurisé notre pass, car le line up du jour est juste un amoncellement d’artistes aux sets viraux pour Boiler Room. Encore une fois, du frais, beaucoup de DJ qui n’ont jamais joué au Maroc. 

Forcément, on entame cette journée avec notre artiste favori du jour : Joy Orbison. Attention âmes sensibles s’abstenir, ici on ne fait pas la dentelle, mais dans le post dubstep. Le précurseur retourne Londres depuis quelques années, producteur aux sons hybrides, on circule entre les sous-genres du garage, et on débarque sur le courant Post dubstep. Les lignes de basses sont grasses, la mélodie est vivante, le son est respirant, c’est analogique, c’est de l’euphorie pure. 

On prend le temps de respirer avec une séance de yoga, et deux cocktails par nos mixologues d’anthologie du Baromètre, car la suite sera physique et mentale. 

Attention, marquez bien dans vos agendas l’heure de passage de Anz, quand on a vu son nom (aussi) on s’est dit que la programmation était résolument avant-gardiste, ultra-chinée. La productrice londonienne signée chez Ninja Tunes proposera un set texturé, réfléchit et fatal. Entre acid breaks, ghetto tech, garage, électro ou encore jungle, vous ne serez plus ou donnez de la tête, elle voyage entre les genres avec une facilité déconcertante, vous serez désarmés mentalement, seuls vos pieds ne décolleront plus le dancefloor. 

Et là, nous sommes déjà au septième ciel, sauf qu’on court sur la scène où Haai se produit. 

L’australienne fait son retour à Marrakech, la productrice, Queer activiste, qui a sorti un single avec Fred Again (rien que ça!) a l’habitude de dropper des disques rares, on sera entre acid, techno, break beat, psyché mood ou encore afro beats, mais soyez en sûrs, on ne sera nulle par ailleurs que là où on doit être. 

Non, ce n’est pas terminé! Le design sonore d’Oasis ne vous laissera pas tranquille une seule seconde, car c’est le moment de se pencher sur la Queen de la techno palestinienne, j’ai nommé SAMA' ABDULHADI. La dj, productrice, activiste, s’est créé un statut international depuis 2018, vous avez à coup sûr vu son set ultra-viral pour Boiler. On est techno, on est sans concession, incision cérébrale, c’est sûr, vous avez perdu tous vos repères. 

Retour sur zone analogique avec Interstellar Funk, là, on a affaire à du son tryppy des années 80, légèrement acid, c’est construit, c’est précis, mais désaxé façon Dutch. Notez bien ce RDV aussi ! 

Bim! Paurro, prend le contrôle des decks. La productrice mexicaine, label boss n’en est pas à son coup d’essai et ça s’entend. Habituée des scènes clubs de hautes voltiges dans le monde, signée chez K7 Records ou encore invitée à se produire pour Boiler room, c’est sereinement qu’elle transfuse une sélection house, breakbeat, disco, le tout parsemé de touches latino-américaines.

Enfin, la scène marocaine à une place magistrale ce samedi. Somnii, le collectif qui met en-avant les artistes nord-africains à en charge le pool stage, la programmation est ultra-qualifiée, car Guedra Guedra, Kosh (live), Polyswith, le collectif Sodfa, YAYA seront de la partie. Ce n’est pas tout puisque Capra, Hi Jane, Sound Sisters seront aussi là pour vous ancrer au sol.

Ouf, un samedi hors réalité, un choc sonore, ce n’était qu’une mise en jambes pour le dimanche qui sera l’apothéose de ce putsch. Dimanche, dernier jour, on le sait déjà, on va vivre un moment de culture comme jamais. 

Oui, c’est aujourd’hui que la légende, le boss, le patron, nommez-le comme vous voulez, c’est l’icône techno depuis plus de 30 ans, c’est Laurent Garnier qui joue chez nous à Marrakech ce dimanche. 

Prévenez vos proches, vous serez différents après avoir écouté son set, vous allez changer votre mind set. Il fait comme bon lui semble, la musique et lui sont une seule et même entité, son public est sous les ordres d’un gourou, ici on ne plaisante pas, on s’élève. 

Évidemment, Oasis ne s’en contente pas et remet une couche avec Jyoty. Habituée des dancefloors du festival, elle nous a franchement impressionné l’an dernier. Curatrice, à la tête de son émission sur Rinse, la hollandaise promet une grosse sélection underground, elle maitrise son art sans équivoque, on attend avec impatience son set et son stage.

Respirez, hydratez-vous (encore) car voici les artistes invités par Jyoty, vous serez vissés au dancefloor:

Blck Mamba, la dj et productrice donnera le ton entre grime, funky beats, sons teintés de hip hop, et (pour notre grand kiffe) grosse bass. Elle ne se prend pas au sérieux et c’est exactement comme ça que le dancefloor bouge sérieusement. 

On ne s’arrête pas là, car un des artistes solides de la scène d’Amsterdam est programmé, il s’agit de Wes Lee. Ça sera house, amapiano, dancehall, le tout évidemment ultra-calibré.

Jyoty maintient la tension en invitant Sotusura, le franco-palestinien, collectionneur de disques, label boss, producteur, vorace de sons hip hop… Bref, un des artistes qui s’amuse des genres avec style, qui sample aisément un classique arabe sur un son hip hop old school, en clair un de ceux qui cassent les barrières, un de ceux qui vous délogent tranquillement de vos habitudes sonores, attention ça va groover.

Ce stage ne se serait pas complet sans Toccororo, Dj hispano-cubaine, tout est dit, ses influences sont autant acid que dancehall, c’est ici que l’énergie sera furieuse.

On reprend nos esprits difficilement, sauf que Salute est aussi prévu ce jour-là. Le producteur signé chez Ninja Tunes (aussi) est juste une pépite. La sélection sera ultra anglaise, UKG, grime et aussi un peu french house, tout ce qu’on aime, on adhère à 100%. On vous le dit, the last dance est un putsch. 

On reste en Angleterre, avec TSHA (aussi chez la Family Ninja Tunes), on s’apaise avec cette artiste omniprésente sur les gros line up anglais et les grands festivals, on assiste à une séance house fraiche, dansante et quand même bien deep (évidement sinon ça ne serait pas drôle !) 

La masse se bouscule sur le stage du représentant de la scène locale (à l’international) Amine K, un des grands fidèles du festival. Vous le savez, il fait de vous ce qu’il veut. Petit tips, l’an dernier son set pour Oasis “Into the Wild” était du Grand Amine, surprenant, son répertoire est vaste, ses gestes sont précis. 

Le putsch façon Oasis, c’est aussi Driss Bennis aka OCB, enfant du pays qui frappe fort à chaque fois qu’il se produit ici. Le producteur vous mettra en pièce à chaque track qu’il passera. On est bien sur le pool stage de Somnii, et ils persistent niveau qualité puisque, façon locale, on a aussi MOON.WAV, Retro Cassetta, Gj Leith qui a chauffé à blanc la scène de sa Boiler à Marrakech en février dernier. Son chaud. Ou encore Whoskenza, selector marocaine aux disques bien aiguisés.

En y repensant, ce n’est pas une last dance, mais plutôt une last chance, celle de fusionner avec le son, le bon son version grand format. 


OASIS THE LAST DANCE

6-8 septembre 2024

The Source, Marrakech, Maroc

Pass festival : à partir de 750 MAD

Tickets en vente sur oasis.ma